LIRE, VIVRE, PENSER
Morceaux choisis
Petit éloge du lecteur de PEF, 2017
« A Gradignan, mon intervention au Salon Lire en poche est terminée. Je gagne la sortie le long des fauteuils déjà repliés sur leur robe rouge. Un autre fauteuil, lui, roulant, remonte la pente de la salle. A son bord un homme handicapé […]
– Vos mots, si joueurs, m’ont entraîné dans un vol léger me faisant oublier mes maux. »
Les Passeurs de Livres de Daraya – Une bibliothèque secrète en Syrie
de Delphine Minoui, 2017
La journaliste Delphine Minoui y raconte la vie d’une bibliothèque clandestine créée sous les décombres de Daraya, ville syrienne de 250 000 habitants avant la Révolution de 2012, réduite à 12 000 âmes. Quelques habitants choisissent de faire vivre la mémoire de la ville et de sa population à travers cette bibliothèque afin qu’il reste des traces de ce que fut celle-ci.
« Ahmad est l’un des confondateurs de cette agora souterraine. A travers les mailles d’une mauvaise connexion internet, unique lucarne sur le monde extérieur, il me raconte sa ville dévastée, les maisons en ruine, le feu et la poussière, et dans ce fracas les milliers d’ouvrages sauvés de décombres et rassemblés dans ce refuge de papier auquel tous les habitants ont accès. Des heures durant, il évoque en détail ce projet de sauvetage du patrimoine culturel, né sur les cendres d’une cité insoumise. Puis il me parle des bombardements incessants. Des ventres qui se vident. Des soupes de feuilles pour conjurer la faim. Et de toutes ces lectures effrénées pour se nourrir l’esprit. Face aux bombes, la bibliothèque est leur forteresse dérobée. Les livres, leurs armes d’instruction massive. »
« Derrière l’écran, Abdou el-Ezz parle avec la force d’un rescapé. Sa voix est un mélange de fragilité et de résilience. J’ose à peine imaginer la douleur qui le tenaille. Mais il veut parler des livres, sa nouvelle passion, pas se lamenter sur sa santé. Lui, le survivant ose croire en leur bienfait. S’ils ne peuvent soigner les plaies, ils ont le pouvoir d’apaiser les blessures de la tête. En fait, le simple acte de lire lui est d’un immense réconfort. »
Martin Winckler, médecin/romancier prône une « médecine narrative ».
Serge Tisseron – psychiatre et psychanalyste
« Le papier est un support de relation à soi-même. »